Qu’est-ce que l’art postal ? Quelque chose que l’on ne maîtrise pas toujours. Interviewé dans la revue Plume, un adepte exprime ainsi son « innocence »…
« Au départ, nous ne savions même pas que nous faisions du mail art. S’écrire comme ça, c’était simplement une façon de faire trace, de marquer nos rapports avec le monde sous forme d’un constat esthétique, sans pour autant se prendre trop au sérieux. » (1)
Peut-être quelque chose qui s’impose dès lors que l’on souhaite faire plaisir en se faisant plaisir. Pas plus compliqué que ça. Bidouillages hors les lois de l’Art (avec un grand TA), le mail art, ou art postal, relève d’une petite cuisine, parfois exotique, à base de timbres (vrais et faux), de colle, de papier, de pubs recyclées, d’enveloppes originales, de cartes imprimées ou artisanales, de stickers… A la poste ensuite de faire voyager dans le monde entier cet art clandestin qui ne se réclame le plus souvent d’aucune école particulière et qui compte bien s’épanouir en toute marginalité.
« Ce refus des institutions, du marché de l’art et de l’aspect normatif de nos sociétés est souvent explicité sur les envois par les expressions « Not for sale, no copyright ». C’est dans le même esprit que de nombreuses invitations à participer à des projets de mail art précisent la liberté d’expression des participants : « No fee, no jury, technic and size free » (2). Autrement dit, pas de cachet, pas de jury et liberté de format…
A vous de jouer donc : une seule « règle », s’amuser et créer son propre chemin pour aller à la rencontre des autres.
Marie-Hélène Branciard
Planète Spook N°8 – Septembre 97 Dossier « Histoires d’écritures. »
(1) Les artistes prennent le chemin de la poste – par Jean-Noèl Lazlo dans la revue Communication et langages – N° 102 – 4ème trimestre 1994.