Stef, Fanny, Sophie, Anouk, Jo… et les autres.

Entrer dans la BD « Comme chez toi », c’est un peu comme quand on débarque parmi une nouvelle bande de potes. Au début, on est un peu paumé : « Bon, alors… si j’ai bien compris, Sophie, c’est la belle blonde, un poil pouf qui est restée coincée avec Wham dans les années quatre-vingt-dix ? Non, ça c’est Jo ! Sophie, elle est brune, avec des lunettes… C’est celle qui a un chien qui pète et qui vit encore avec sa mère… »
Bon, ça prend un peu de temps… mais au bout de quelques planches, on se sent adopté et on a l’impression de les avoir toujours connues…

Simple comme un coup de fil…

Tout commence avec Fanny, en pleurs, qui appelle Anouk pour se faire consoler après une énième rupture… Aussitôt la maman de Loulou, prévient Jo qui promet de prévenir Sophie et reçoit, dans la foulée, un appel de Stef l’avertissant de son prochain retour à Paris… Jo appelle alors Sophie, en train de promener Loukoum, qui passe un coup de fil à Stef… Bon, ça parait compliqué comme ça, mais c’est en fait très bien mené par Carole Maurel qui nous présente astucieusement ses personnages via ce méli-mélo téléphonique aussi drôle qu’efficace.
Après ce tour d’horizon, l’histoire peut commencer : celle de Stef qui a hérité d’un appartement à Paris et qui va squatter chez ses potes le temps de le retaper. C’est désormais via leurs appartements respectifs que le lecteur va faire connaissance avec Stef, Fanny, Sophie, Anouk et Jo…

Petits règlements de compte entre amies

« J’ai l’impression de faire Pékin Express depuis que je suis à Paris ! » Voilà qui résume assez bien l’état d’esprit de Stef, personnage androgyne qui navigue d’un appart à l’autre et pose son regard désabusé sur les défauts de ses copines. Entre Mamoune, la mère acariâtre de Sophie ou la bande de fêtards qui squatte en permanence le studio de Jo, elle va devoir s’armer de patience et d’humour… Stef, c’est un peu (beaucoup) Carole Maurel, le personnage qui permet à l’auteure de dire tout haut ce qu’elle gardait pour elle jusque là : de la critique des « repas de poule » à base de graines, aux clichés et fantasmes « girly » en passant par la mode, les histoires de couple et les fleurs de Bach… On la suit en tout cas avec plaisir dans toutes ses galères au milieu de ces trentenaires qui découvrent avec horreur que d’autres jeunes ont pris leur place qui ne connaissent même pas Snap ou Dirty dancing

La BD comme chez toi est un régal d’humour et un plaisir pour les yeux : le trait sûr de Carole Maurel se marie à merveille avec la spontanéité (parfois acide) des dialogues. Les fonds vifs et le décor épuré mettent parfaitement en valeur les personnages stylisés.

En lisant cette bande-dessinée, vous vous sentirez très vite comme chez vous, prête à dormir avec Loukoum, le chien qui ronfle, à garder le p’tit Loulou et à écouter en boucle ses chansons de l’école des fans ou à planquer la zapette pour neutraliser la mémé désagréable et ses bonnes vieilles séries…

Marie-Hélène Branciard – Juin 2013 

A lire également à propos de cette BD : « Chronique d’une BD : « Comme chez toi », de Carole Maurel« 

Publié le 8 juillet 2017